Dû au nombre imposant de photos diffusées sur notre carnet de voyage, les albums se trouvent maintenant à deux endroits différents.

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mardi 21 juillet 2009

Fremantle

Nous retournons sur Perth, en espérant apprécier plus que lors de notre dernier séjour angoissant ! Sur la route, on admire le plus long aqueduc du monde (il nous semble) qui alimente la ville de Kalgoorlie en eau depuis Perth.



On a déjà prévu de voir Charlotte le lendemain et de s'arranger une sortie à 4 avec Ben ces jours-ci.



Entre deux jours de grosse pluie, on se rend à Fremantle, située à 20km au Sud de Perth. Petite ville toute charmante, avec ses bâtiments d'époque, ses pubs et ses cafés. C'est grâce au fait d'accueillir la Coupe America en 1987 que ce petit port s'est dynamisé.



Pris d'une soudaine envie de "fish'n chips", nous déjeunons à Cicerello's (datant de 1903) et savourons un énorme plateau de fruits de mer frits : poisson, crevettes, calamars et crabe ! Pour faire passer tout ça, rien de tel qu'une bière au gingembre Bundaberg !



Notre ami Ben nous rejoint ensuite sur Freo (Fremantle dans le jargon d'ici... suivez un peu !) où nous décidons d'aller visiter l'Old Fremantle Prison.

Construite dans les années 1850 par des bagnards, l'Old Fremantle Prison resta en activité jusqu'en 1991 : elle compte parmi l'un des monuments les plus anciens et ayant été le plus longtemps en activité de l'Australie. On peut observer le bâtiment principal, pouvant compter jusqu'à 1 000 prisonniers ! Il y avait également un bâtiment secondaire pour la prison des femmes.



L'intérieur est réparti en 4 divisions (la 1 pour crimes mineurs, la 4 pour les peines de 15 ans et plus).



Le filet de protection "anti-suicide", reliant un mur à l'autre, a été installé suite au suicide d'un prisonnier... 23 ans après les faits ! Bravo la réactivité !

Les conditions de vie des prisonniers étaient difficiles :
- un prisonnier par cellule, 2.1m sur 1.2m, puis innovation avec cellule double (en abattant les murs entre deux cellules)
- pas de lumière jusqu'en 1980
- pas de toilettes jusqu'en 1991, la fermeture ! A la place, ils devaient partager un seau. Le manque d'hygène était une des raisons pour lesquelles la prison ferma ses portes.
- confinement 16h par jour



Certains prisonniers avaient besoin de protection : ex-policiers, pédophiles... Ceux-là disposaient d'une cellule personnelle ainsi que d'une cour extérieure personnelle avec douche et toilettes. Même si cela semble être un luxe, c'était plutôt un enfer de solitude, surtout pour une peine de plusieurs années ! Leur seul contact avec le monde extérieur étaient la distribution de plateaux repas par le gardien.

Les prisonniers avaient la possibilité de travailler, mais il n'y avait pas de boulot pour tout le monde : plusieurs ateliers comme imprimerie, fabrication de chaussures et uniformes, peinture, jardinage, nettoyage... mais le plus prisé était le travail en cuisine (12h par jour, 7j/7, avec le meilleur salaire... 37$ par semaine !).

Petit-déjeuner et dîner étaient consommés dans les cellules, seul le déjeuner était consommé à l'extérieur dans les cours de temps-libre. Les prisonniers avaient à disposition des paniers de baskets, un robinet d'eau ainsi que des toilettes. Pour éviter toute tentative d'évasion, les hauts des murs de 5m étaient renforcés en fils barbelés, lames de rasoir et tessons de bouteilles...



Les prisonniers avaient également la possibilité de se rendre à l'église le dimanche : la prison possède deux églises (Church of England, ci-dessous, et la Catholic Church). Sur les murs on peut voir des peintures des 10 commandements ainsi que des prières : ces fresques ont été réalisées à la main par un prisonnier, nécessitant un travail minutieux de 2 mois. La justice décida de "récompenser" le prisonnier en réduisant sa peine de... 2 mois !
L'église d'Angleterre était la seule et unique occasion où hommes et femmes se retrouvaient dans la même pièce, mais aucune communication n'était possible car les femmes assistaient à l'office depuis un balcon. L'église avait également une pièce spéciale pour les prisonniers protégés, avec des rideaux occultant.



De nombreux prisonniers ont décoré l'intérieur de leur cellule : c'était un moyen de pouvoir s'échapper de la prison, spirituellement parlant. Ils n'en ont l'autorisation officielle seulement 12 mois avant la fermeture de la prison. Et que dessinaient-ils ? La liberté bien sûr : grands espaces, l'extérieur...



Cette peinture aborigène a été réalisée par un prisonnier condamné pour double meurtre à l'âge de 18 ans (bigre !) avec la méthode ancestrale du "dot painting" (peinture à points). Le jour de sa remise en liberté, il sortit de la prison, marcha sur une centaine de mètres et s'effondra raide mort à cause d'une crise cardiaque... Il n'a pas supporté le choc d'être enfin libre !



Cette cellule contient les dessins considérés comme étant les plus anciens de la prison : datant des années 1860, personne ne connaît vraiment leur histoire. Elles ont été découvertes par hasard, 100 ans plus tard, lorsque la cellule était utilisée pour du rangement et qu'un employé fit heurter son balais sur le mur : une fine couche se détacha de la paroi et laissa place à un magnifique dessin. Par le passé, les prisonniers étaient tenus de badigeonner les murs de leur cellule avec une concoction de citron et porridge, censée empêcher l'introduction de maladies. Le prisonnier est parvenu à camoufler son art durant ses 7 ans de détention grâce à cela : par contre, on ne sait pas exactement si il recommençait à chaque fois de dessiner ou si il parvenait à éliminer la couche de protection. La photo est prise de loin, mais les dessins sont absolument époustouflants : comment un prisonnier, sans éducation, au XIXè siècle, a-t'il pu réaliser de parfaits croquis (fresques religieuses pour la plupart), cela reste un mystère.



Pour appliquer la discipline, certains prisonniers se voyaient attribuer des coups de martinet, en étant attachés sur un chevalet en bois. Notre guide a eu la générosité de nous détailler les effets de chaque coup... alors on va partager ! Le premier vous lacère le dos, le deuxième vous ouvre les lacérations... à partir du troisième, vous commencez à saigner et votre dos ne ressemble plus à grand chose... Certaines sentences pouvaient aller jusqu'à 100 coups ! Un docteur était toujours présent et si il jugeait qu'un prisonnier était en mauvais état, la punition s'arrêtait et on l'envoyait à l'hôpital pour qu'il recouvre de ses blessures : une fois remis en état, le prisonnier était tout de suite renvoyé sur le chevalet pour qu'il termine sa pénitence ! Une fois achevée, on l'allongeait face contre terre et on recouvrait son dos de gros sel pour éviter les infections (vous avez mal là ?).

Il existait également les cellules d'isolation, dans lesquelles on enfermait aussi les prisonniers devant être exécutés, 2 heures avant. Ils se rendaient ensuite dans la salle d'exécution : la prison n'a jamais eu recours à la chaise électrique ni à l'injection ; en 140 ans de service, 44 prisonniers (dont 1 femme) ont été exécutés par pendaison.



Rémy et moi avons ensuite effectué un second tour, dédié aux Grandes Evasions : nous étions les seuls visiteurs avec le même guide !

Il y a eu plus de 250 évasions en tout, et la prison est fière de clamer haut et fort que TOUS les évadés ont été attrapés par la suite (certains quelques années plus tard), un record mondial pour cette ancienne prison de haute-sécurité.

Pour citer les meilleures évasions : il y a bien sûr le fameux coup de "si je me déguise en garde, je peux sortir ni vu ni connu", ou "tiens il y a un camion sans surveillance, si on forçait la porte ?"...

Des tours de garde sont postées aux coins stratégiques du terrain, les murs sont peints en blancs sur 2m de haut (pour mieux voir la nuit si quelqu'un passe devant).

Mais le gagnant reste quand même un prisonnier, qui, après s'être évadé 4 fois de différentes prisons, s'est vu transféré ici à Fremantle dans une cellule "spéciale" : murs d'une épaisseur de 60cm, puis par 30cm de bois de jarrah (très résistant), et enfin renforcés par des milliers de tiges de métal et de clous. Le prisonnier était pieds et mains liés 23h par jour...


Au bout de 3 semaines, le docteur finit par le déclarer à moitié mourant dans ces conditions et on lui autorisa quelques heures de travail par jour à l'extérieur : il devait creuser dans les jardins. Après plusieurs jours, le tas de terre était tellement important que les gardes ne voyaient plus le prisonnier, mais ils l'entendaient toujours creuser donc... jusqu'à ce qu'ils n'entendent plus rien. Le prisonnier avait finit par attaquer le mur et s'était creusé un tunnel jusqu'à la sortie !

On passe devant le bâtiment des condamnés à mort, et la dead man's alley...



On termine la visite par le bâtiment des femmes, dont les conditions étaient pires que celles des hommes : un bain par semaine (avec la même eau pour toutes !), cours extérieures minuscules, pas de salaire pour le travail effectué (laver le linge, repriser les chaussettes...). Leurs peines n'excédaient pas 6 mois en général, elles étaient le plus souvent emprisonnés pour abus d'alcool sur la voie publique ou prostitution... donc ne tentaient pas de s'évader non plus car elles risquaient 2 ans rajoutés à leur peine pour une tentative d'évasion !



Flo a eu la bonne idée de demander quel crime avait commis la seule femme à avoir jamais été exécutée... et bien elle a été servie : la femme en question s'est vu accorder la peine maximum pour avoir assassiné les 3 filles de son deuxième mari (dont elle était jalouse) en leur faisant boire de l'acide chlorhydrique... brrr !

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